C’est drôle, le divin s’éloigne. La terre reprend son poids. Ses droits. Son ampleur. Son confort aussi, mais qui veut du confort à la place du Bleu Céleste ?
Pas moi. En tout cas pas tous les jours, et pas dans l’esprit.
Le divin s’éloigne. Son roi ne sera pas couronné cette année, pas par moi. Je n’aurai pas le plaisir de fouler son sommet dégarni, son crâne de pierre et sa calotte de glace. Non, je vais l’attendre, encore. Grimper plus modestement. Marcher, aussi.
Et me réchauffer.
Le Khan Tengri devient mon mont Analogue, je m’en doutais déjà, maintenant je le sais. Je sens d’ici son inaccessibilité, sa base empierrée enchâssée dans un glacier sans fin, le plus grand qui soit, le glacier d’Inylchek. Le plus long glacier du monde… peut-être. Le plus grand glacier de mon monde… assurément.
Assurez-moi, mon cher Khan, de ne pas vous écrouler de fatigue ou de réchauffement d’ici l’année prochaine. Assurez-moi, cher Maître du Ciel Bleu, de rester, imperturbable, inamovible, essentiel, fermement posé sur votre glacier. Et je viendrai vous voir. Oui, c’est sûr. Je viendrai vous voir.
Température au sommet du Khan Tengri -38°
Température ressentie au sommet du Khan Tengri -50°
