Les carnets du Khan – 18/03/2025

Trente-trois ans depuis un nouveau départ. Quitter une vie, une femme, une maison. Arriver dans un lieu vide ou presque. Se sentir seul. À l’aise. Au blanc. Trente-trois ans : durée qui suffit à certains pour changer le monde. Pour d’autres : temps qu’il faut pour bâtir le sien.

Il y a trente-trois ans je descendais d’une montagne bannie pour mettre ma vie à plat. Les hauteurs étaient lointaines. Inaccessibles. Irréelles. Alors, grimper ? Oui, mais petitement, rochers ou cailloux, blocs ou falaises. Aucune ambition verticale, simple plaisir d’exister. Tirer sur ses bras, pousser sur ses jambes. Sentir ses muscles. Vivre sans imagination. Aller dans la forêt de Fontainebleau se mesurer à soi-même.

Température au sommet du Diplodocus 5°

Température ressentie au sommet du Diplodocus 5°

Trente-trois ans, des années passées, des idées qui se fixent, le corps qui se précise en perdant sa souplesse, mais pas encore son envie de pousser, de tirer, de se hisser. Soi-même, on se connaît trop bien. Plus de surprise à attendre, plus de limites à repousser, plus de frontières physiques à toucher du bout du doigt, d’une prise extrême, d’un pied improbable. Non. Les limites, elles te regardent dans les yeux, de loin. Te font signe de venir, mais attention, de prendre ton temps parce qu’elles sont si hautes, hautaines, si fortes, lointaines. Des limites qui ne bougent pas, inaccessibles au désir, atteignables au prix d’efforts certains… Oui, limites au bout de certains efforts, limites au terme de grandes ambitions, qui rassemblent sous un seul nom l’ensemble de mes imaginations.

Température au sommet du Khan Tengri -34°

Température ressentie au sommet du Khan Tengri -52°

Laisser un commentaire