Les craquements, les ossements

Les craquements de tes os présagent d’ossements Douleurs insidieuses articulatoires et sévères infiltrées entre joints Crissements de cartilages aux oreilles saturées d’acouphènes importuns Le corps est là oui le corps est bien là S’impose et ne laisse Ne s’oublie et se rappelle A toi bien à toi à cris répétés et bruyants

Rire, subir, haïr

(Sur une chorégraphie de Pina Bausch) Les danseuses de Barbe bleue ne connaissent que trois modes : subir la violence. Rire pour détourner. Et haïr. Les danseuses de Barbe bleue prisonnières d’un triptyque éclatent à l’infini dans leur maigre partition. Leurs rires sont légions, ils percent les tympans. Les brutalités sans répit des viols répétés […]

Le bus 

Le lent défilé des rochers à la vitre La rocaille monotone qui assiège la vision Le temps qui s’écoule se dépose grain à grain dans la lenteur sablière du voyage de retour Quand soudain Trépidation Accélération Le regard se déporte et quitte l’extérieur Le regard se replace Passagère voisinée de jeunesse inspirante Sa blondeur attirante […]

Fluide, pas fluide

Fluides et non-fluides se mêlent en présent. Fluides et non-fluides se cognent aux ilots de vieillesse aux caillots d’âge mûr aux accents des années. Aux aspérités crochetées qui tapissent dans les recoins, s’arrogent les genoux, s’érigent en ventouses, se greffent sur les hanches. Aux carcans corsetés des fuites impossibles, échos de passés, souvenirs affadis. Fluides […]

A quoi tu sens la montagne ?

A l’air sec qui s’invite Aux traces de fraîcheur A l’intérieur confortable et sobre Aux banquettes agréables et fermes A la grande table d’hôte Aux photos verticales qui inquiètent et ravissent Au sérieux A la place laissée libre à l’espace à la vue aux paysages L’auberge à Huaraz annonce la montagne

La glissière

Le bruit de la glissière rythme la vie sous la tente Glissière qui ferme et protège Qui ouvre et permet Le bruit sans façon d’annoncer l’air qui entre le vent qui tutoie la pluie qui nettoie Le bruit de la glissière assaisonne le réveil de son onde Elle invite l’extérieur au creux de la toile […]

Màj

La mémoire est réinitialisée. L’effacement programmé. Les cellules réaffectées. La mise à jour peut s’effectuer. La mémoire est reparamétrée. Les impressions reformatées. Le système rénové. L’effacement est achevé. L’oubli, parfait. L’espoir de revivre causera du tort à l’oubli. L’espoir de sentir à nouveau démarrera diffus, confus et affadi, l’effacement laisse une trace, cicatrice incolore, inodore […]