Courir, longtemps

Courir, c’est le pied. Premier contact, toujours aux aguets.

Courir, c’est le mollet. Picotements inquiétants ou élasticité rassurante.

Courir, c’est la cuisse. Lieu du ressort, forte de fuseaux, la cuisse est
le héraut des côtes et des pentes. Elle trône impériale quand le terrain
s’accidente, elle dicte le rythme – ou cède le pas, c’est selon.

Courir, donc, c’est la jambe.

Mais, courir longtemps ?

Courir longtemps, c’est l’aine qui te pique et grince contre le psoas,
muscle inconnu qui s’affirme à l’effort.

Courir longtemps, c’est le ventre qui te rappelle ce que tu as oublié, le
ventre qui se tord, le ventre qui te supplie de mettre un terme à tes rêves déchirants.

Courir longtemps, c’est le cœur. Celui qui bat et pulse sans relâche, gardien du temple de ta vitalité,
fidèle au poste, solide et solidaire.

Courir longtemps, enfin, c’est la tête. Le lieu du désir impose un rythme que ta raison réprouve, te rappelle à douces injonctions que tu veux les faire, ce marathon, cet ultra-trail, cette sortie longue, que tu veux les faire, et revenir vivant. Et prendre du plaisir, le plus longtemps possible.

Courir longtemps, c’est le pied qui parle à la tête à travers le corps. Un sport complet, en somme.

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