Crise

Impossible de respirer tandis que la main s’abat sur mon visage. Mon ventre comprimé. Impossible d’espérer tandis que le pied se lève, mécaniquement, me pistonne la gueule. Impossible de crier tandis que la terre s’imprime dans mes narines, s’enfuit dans ma bouche, me déchire l’œsophage. Impossible de vivre, alors.

Décoration

Sur la joue gauche il naquit. Grandit. Gêna. Prospéra. Rejoint par ses congénères, encadrant le regard qui disparaît. Une tristesse du début pâlissait, s’envolait, revenait. Remisé par un passage adulte, repris en main dans la suite de ses ans, il laissa une marque pérenne. Un trou crénelé, dentelé, sculpté dans la chair. Comme une évidence.

Évasion

Neuf cent soixante-treize. Il les a comptés. Neuf cent soixante-treize. Ni plus ni moins. Le temps d’achever, génère un doute. Le temps passe trop lentement pour les reconnaître. Enlacés, pliés. Cassés. Neuf cent soixante treize, pourtant. Il en est sûr. Pas un ne manque à son appel, pas un n’ira s’enfuir lorsqu’on les conduira. Pas […]

Affection

Tu ne m’es pas indifférente et le nœud dans mon ventre lorsque tu me demandes une faveur est tangible. J’ai de l’estime… non, de l’amitié… certainement, j’ai quelque chose pour toi qui m’empêche de refuser. Et toi, de croire que tu ne me dois rien.

Catastrophe

Quatre vers, six pieds. Quatre phrases lointaines. Une glissade épanouie revêt l’apparence d’un songe et me laisse, pantelant, rêver à une autre. Et réveil brutal, escarpement ignoré, éboulis délétère aveuglant ma pensée. Qui erre. La couche est vide.

Canicule

Tape sur la peau. Crève les spores. Essore les poumons. Tend, sur la peau, un manteau rouge. Épaissit l’air, cille les narines. Engourdit les doigts. Fatigue, tout cela, et n’endort pas. Le temps d’avoir chaud.

Poussière

Vue de loin. Affichant la distance qui sied aux inconnus. Passant au-dessus des têtes comme une ombre apaisante. Pudiquement installée loin de la furie, elle plane. Et le temps l’ignore, le vent la porte, le rythme des saisons son seul guide. Étoile lumineuse dans la nuit, indicateur du passant, interprète de la magie. Inconnue, le […]

L’ère du temps

La vague s’annonçait, tapie. Et nous visitions. L’ensemble s’équilibrait, dans un silence, dans une vie. Et nous festoyions. L’inconnu se préparait, frappant fort, déchirant d’avance. Et nous allions. C’était l’ère de traversée, l’ère d’insouciance. L’ère du temps qui ne revient pas.

Chaleur

Évacuation immédiate, purge obligatoire, accélération insupportable des fluides et débits, le sang, c’est cool ! Il envahit, irrigue, abreuve, désaltère, congestionne, engorge, dresse, endurcit, explose, explose, explose… et vit. Avidement exploités les canaux irradiés sont de longues gorges, obscures déshérences, évasions impossibles, explosion à retardement.

Colonie

Les insectes sont différents. Ils ne pleurent pas lorsqu’on les entasse. Ne geignent pas lorsqu’on les comprime. Les insectes supportent dans notre silence la pire des persécutions. Compréhensifs, ouverts à nous, accommodants, ils défilent au pas de leurs six pattes et se moquent de l’individu. Prenons exemple sur les insectes.